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Découverte

Plongée dans la préhistoire

Pour préserver l’exceptionnelle richesse d’une grotte immergée datant du paléolithique, la villa cosquer méditerranée propose une incroyable restitution avec 1.700 mètres carrés de parois couvertes de peintures rupestres racontant 30.000 ans d’histoire de l’humanité.

En 1985, un plongeur professionnel, Henri Cosquer, découvre à 37 mètres sous l’eau, l’entrée d’une galerie dans la calanque de la Triperie, au Cap Morgiou. Après plusieurs tentatives, il remonte un siphon immergé sur plus de 116 mètres pour atteindre la plage d’une caverne. Sur les parois, il découvre d’incroyables peintures rupestres. La nouvelle circule sous le manteau dans le petit monde des plongeurs, jusqu’à la noyade de trois d’entre eux le 1er septembre 1991. Le site, classé Monument historique, est placé sous l’autorité du ministère de la Culture et seuls les plongeurs accrédités peuvent le visiter. Des expertises sont menées, des datations au Carbone 14 effectuées et l’authenticité confirmée.

UN PATRIMOINE EXCEPTIONNEL…
Trente mille ans avant notre ère, au Cap Morgiou, le niveau de la mer était 120 mètres plus bas qu’aujourd’hui, le rivage se situait à 12 kilomètres de l’entrée de la grotte, qui était au sec. Des générations d’homo-sapiens se sont succédées et les artistes du paléolithique ont laissé sur les parois des dessins et des peintures rupestres témoignant de leur environnement. L’originalité de la situation de ce site (la seule grotte engloutie qui soit parvenue jusqu’à nous), la richesse et la diversité des gravures et peintures (plus de 500 entités d’art pariétal), la durée d’occupation du site au Paléolithique supérieur (de 30.000 à 19.000 ans avant notre ère) font de la grotte Cosquer un lieu de portée et d’intérêt universels, qui a fait l’objet de plus de 30 ans d’études.

… MAIS EN GRAND DANGER
Le site de la grotte est très difficilement accessible, avec un accès réservé aux plongeurs
expérimentés. Les incursions, qui ne peuvent pas excéder cinq heures, sont également soumises aux aléas de la météo. La topographie de la Grotte est complexe. Elle est constituée de deux grandes salles communiquant par d’étroits passages, de nombreux diverticules sont difficiles d’accès, un grand puits noyé de 24 m de profondeur occupe le fond de la deuxième salle. Les 4/5ème des parois de la Grotte sont sous l’eau. Les concrétions – stalagmites et stalactites – sont nombreuses. Par ailleurs, en raison de la montée des eaux due au réchauffement climatique l’engloutissement de la Grotte est inéluctable, à plus ou moins long terme et la menace d’effacement des œuvres pariétales
inévitable. Face à ce constat, la seule solution passe par la numérisation des œuvres, lancée
en 2010. Des relevés laser et une couverture photographique haute résolution ont permis de constituer une banque de données des merveilles de la grotte.

UNE RESTITUTION OUVERTE AU PUBLIC
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur disposait d’un bâtiment à l’architecture audacieuse conçu par l’architecte italien Stefano Boeri et inauguré en 2013 : la Villa Méditerranée. Un lieu parfait et idéalement situé sur l’esplanade du J4, à proximité du Mucem, pour accueillir
un ambitieux projet  : la reconstitution d’une réplique (à 90%) de la grotte sous-marine préhistorique. Le groupe Kléber Rossillon, en partenariat avec le Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco, a été chargé de la réalisation de cette aventure scientifique et technologique, associant techniques de pointe, expertises et gestes artistiques. Des ateliers spécialisés, situés en région Provence-Alpes Côte d’Azur et dans différentes régions de France, ont réalisé les éléments de ce véritable puzzle inédit. Cette restitution exceptionnelle permet de montrer au public un lieu inaccessible, de conserver un patrimoine archéologique voué à disparaître, mais aussi de faire prendre conscience aux visiteurs de l’impact du phénomène du réchauffement climatique et de ses conséquences directes : la montée des eaux. Ouverte le 4 juin dernier, la Villa Cosquer Méditerranée a accueilli 13.000 visiteurs dès le premier week-end. Un succès amplement mérité.

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